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Découverte surprise de plus d’un million de manchots Adélie dans l’Antarctique

Par Sciences et Avenir avec AFP le 02 février 2018

Grâce à des images satellites, des chercheurs ont découvert une « supercolonie » de manchots Adélie sur un archipel de l’Antarctique.

1,5 million de manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) isolés par les glaces : c’est la surprise de taille qui attendait sur un archipel de l’Antarctique des chercheurs désormais soucieux de voir ces colonies protégées par un sanctuaire marin ! Un besoin de protection d’autant plus nécessaire pour ces manchots des Dangers Islands, dans l’est de la péninsule antarctique, que certaines colonies de la même espèce sont en déclin à seulement quelques dizaines de kilomètres de là, à l’ouest de la péninsule touchée par la fonte des glaces attribuée au changement climatique.

Une découverte grâce à des images satellites

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© Scientific Reports

A l’origine de cette découverte publiée le 2 mars 2018 dans la revue Scientific Reports, l’analyse d’images satellite de ce petit archipel de la mer de Weddell, raconte à l’AFP Heather Lynch, de l’Université américaine de Stony Brook. Les scientifiques savaient que des manchots Adélie étaient installés sur au moins un des neufs îlots, où un recensement en 1996-1997 avait évalué les nids entre 285.000 et 305.000. Mais les images satellites du programme Landsat d’observation de la Terre de la Nasa ont révélé la présence de ces oiseaux sur d’autres îles et les algorithmes étaient formels : les manchots sont bien plus nombreux.

Profitant d’une rare ouverture dans les glaces qui emprisonnent cette zone hostile presque toute l’année, très rarement visitée, une expédition s’est rendue sur place en décembre 2015 pour confirmer la découverte. A l’aide de drones, de photographies et de comptage manuel des nids et des oiseaux, les chercheurs ont enfin pu faire un recensement complet : 751.527 couples de manchots Adélie, soit « plus que dans tout le reste de la péninsule antarctique« , note l’étude. Les îlots abritent ainsi la 3e et 4e colonie la plus importante au monde.

« Ca a été une expérience incroyable, de trouver et de compter autant de manchots« , commente Tom Hart, chercheur au département de zoologie d’Oxford et membre de cette équipe de scientifiques. « Scientifiquement, même si c’est un nombre énorme de ‘nouveaux’ manchots, ils ne sont nouveaux que pour la science« , poursuit-il. Les chercheurs ont en effet utilisé des images aériennes en noir et blanc datant de 1957 prouvant ainsi que ces animaux étaient déjà présents il y a plus de 60 ans.

Une zone à protéger davantage selon les chercheurs

En mars 2017, des chercheurs australiens, français et japonais avaient découvert que le nombre de manchots Adélie qui vivent en Antarctique oriental (l’une des deux principales régions de l’Antarctique avec l’Antarctique occidental), était jusqu’à maintenant largement sous-estimé. Mais de précédentes études ont observé un déclin de certaines colonies, en particulier côté ouest de la péninsule antarctique. Un « contraste saisissant » avec la nouvelle découverte, note Tom Hart. « Maintenant que nous savons que ce petit groupe d’îles est si important, on pourrait envisager de le protéger plus de la pêche » au krill, aliment principal de ces animaux, plaide Heather Lynch. Les chercheurs appellent ainsi à ce que cette zone soit incluse dans de futures aires maritimes protégées dont doivent discuter les Etats membres de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR).

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Les chercheurs ont compté les manchots Adélie notamment grâce à des drones. © Rachael Herman / Louisiana State University / Stony Brook University

 

Source : Sciences et Avenir