par Radio-Canada avec CBC, 19 déc. 2016
À Terre-Neuve-et-Labrador, des chercheurs vont entreprendre des expéditions de plongée pour tenter d’en savoir un peu plus sur un épisode de la Deuxième Guerre mondiale qui s’est déroulé en vue des côtes terre-neuviennes : celui de navires marchands coulés près de Bell Island par des sous-marins allemands en 1942.
Le SS Saganaga et le SS Lord Strathcona, des minéraliers, ont été torpillés par des U-boot allemands le 5 septembre 1942. Le SS Rose Castle et un navire de la France libre, le PLM27, ont été envoyés par le fond plus tard la même année, dans le même secteur.
En tout, 69 marins ont péri lors de ces attaques.
L’arrière-grand-mère d’un étudiant en archéologie de l’Université Memorial de Terre-Neuve, Daniel Rees, a aidé à soigner des naufragés. Il est l’un des chercheurs qui ont obtenu une subvention de recherche de la Fondation JR Smallwood pour examiner les épaves.
Il a l’intention d’utiliser les techniques de l’analyse judiciaire pour en apprendre plus sur les tactiques des torpilleurs allemands et tenter de reconstituer le plus fidèlement possible les attaques.
« Nous savons à quel angle les torpilles ont été lancées à partir des U-boot allemands, nous savons aussi où étaient ces sous-marins par rapport aux pièces d’artillerie sur l’île [Bell] qui leur tiraient dessus, donc nous pouvons tenter de tout reconstruire », explique-t-il.
De nombreux plongeurs ont déjà exploré les épaves, mais l’équipe dont fait partie Daniel Rees veut aller une étape plus loin : elle compte utiliser un sonar pour cartographier les fonds où reposent les navires coulés et estimer le rythme auquel les épaves se dégradent.
Un lien familial
Daniel Rees a un intérêt particulier pour cette aventure à cause du rôle que ses ancêtres ont joué lors du drame.
Son arrière-grand-mère habitait une petite maison de Lance Cove, à Bell Island, lorsque les attaques ont eu lieu. Son frère a sauté dans une petite embarcation et a pagayé vers des naufragés qui nageaient dans les eaux glacées.
Ils étaient mal en point et en train de se noyer. Il les a tirés dans la barque et les a emmenés jusqu’à la maison de mon arrière-grand-mère Emma qui a pu leur donner les premiers soins
-Daniel Rees, chercheur
« Ma grand-mère avait huit ou neuf ans à l’époque. Elle se souvient des hommes dispersés un peu partout dans la maison, dans le salon, dans la cuisine. Elle allait de l’un à l’autre pour leur donner à boire et s’ils saignaient, on s’occupait d’eux », relate-t-il.
Ces histoires qui se sont transmises dans sa famille lui ont donné le goût d’en apprendre davantage sur cet épisode de la Deuxième Guerre mondiale et même à se sentir la responsabilité de transmettre ces faits à un public plus large.
« Je sens presque que j’ai une responsabilité par rapport à cette partie de l’histoire : celle d’appliquer ce que j’ai appris à l’université et de contribuer au partage de l’histoire de ces épaves. »
Le projet sera mené au cours de la prochaine année.
Source : Radio-Canada